
Shanidar et ses fleurs
Arl. LEROI-GOURHAN
: Irak, Néandertaliens, Moustérien, pollens, fleurs. Key-words : Iraq, Neandertalians, Mousterian, pollen, flowers.
La grotte de Shanidar se situe au nord-est de l'Iraq dans la chaîne du Zagros, à 747 m d'altitude et à une cinquantaine de km des frontières turque et iranienne. Elle est longue de 40 m; sa largeur maximale atteint 53 m et son plafond est à 13 m ; elle possède un diverticule long de 30 m. Les dépôts du Paléolithique moyen ou récent représentent 14 m d'épaisseur. De nos jours, des paysans kurdes l'habitent l'hiver. Quelques kilomètres plus bas. à 425 m d'altitude, dans la vallée, le site proto-néolithique de Zawi Chemi s'étend sur les rives du Grand Zab.
Entre 1952 et 1960 quatre campagnes de fouilles ont eu lieu qui permirent de mettre au jour neuf squelettes de néandertaliens. Lors des travaux de terrain de nombreux échantillons furent prélevés par les géologues, les paléontologues et les botanistes : ceux-ci ayant été enregistrés avec précision (altitude au cm près, remarques sur la nature des sédiments, notation graphique et photographique des pendages des couches) il fut possible -malgré l'impossibilité de retourner sur place pour
observer les coupes ' - de les replacer dans la séquence stra- tigraphique. Bien que l'histoire de la flore autour de la grotte demeure incomplète, il nous est apparu essentiel de publier les données que nous avions accumulées et qui, à ce jour, n'ont encore été mentionnées que très brièvement2. Deux autres palynologues, R. Shutler (Université d'Arizona) et G. Erdtman (Stockholm), eurent en mains des prélèvements. Le premier ne mentionna qu'un « beautiful pollen » et le second ne put en identifier dans les échantillons qui lui furent soumis: il estima que la raison en était le sol trop alcalin3.
1. De nouveaux travaux étaient prévus par R. Solecki au cours desquels des échantillons polliniques beaucoup plus rapprochés devaient être prélevés. Mais la situation au Kurdistan ne le permit pas. Préparant actuellement la publication des résultats obtenus sur Shanidar par différentes disciplines, il n'a pas été possible à R. Solecki de présenter ici le dessin non terminé de la grande coupe. 2. Arl. Leroî-Goi;ri-ian. 1975: Solecki. 1971. 3. En effet, ceci ne nous a pas surpris car appliquer les méthodes de préparation utilisées dans les tourbières pour des sédiments prélevés en terrain sec est vouer a l'avance le travail à l'échec.
Paléorient. vol. 24/2. p. 79-SX *", CNRS ÃDITIONS 1999
.Manuscrit reçu le H octobre 199X et accepté le 16 décembre 199H.